Texte extrait de l’édition éponyme disponible pendant la performance 

Respirer ça fait du bien même pour un poisson rouge.
L’injustice active au plus profond de moi un manque. J’ai commencé à suffoquer lorsque j’ai confronté la violence puis reproduite. Je m’attaquais à entendre. Au cœur d’une mer qui ne s’étend pas plus loin que la cour d’école, la maison. La conscience et l’amour grossissent.
Merci la daronne et les grands-mères.
Dans l’eau la fureur grandit autant que les corps. Ici je comprends déjà mieux. Si le jeu de la terre est injuste, je tricherais comme ceux perchés en haut. Si on est pauvres dans la famille c’est parce qu’on est trop ancrés ou laches.
Pourtant je ne respire pas mieux. C’est en confrontant les courants, que l’esprit critique nage le mieux. Merci le daron. On est sous l’eau depuis le début. J’y suis né.
Ça n’est pas très étonnant de vouloir atteindre la surface sans relâche. Il vaudrait d’ailleurs mieux pour eux que l’on garde la tête sous l’eau.
Jusqu’à preuve du contraire, il y a toujours plus d’eau que de terre ici, bande de cons.
Quelques fois ils jettent une bouée. Il faut garder la tête sur la conscience après tout. Ils ne risqueraient pas de la perdre. Il leur faut donc acheter une morale à mettre en vitrine.
C’est sympa l’aquarium, nourri, logé, blanchi et c’est à la surface de surcroît. Comme un poisson dans l’eau.
Que les gens continuent de regarder leurs pieds plutôt que le ciel.
Mais la glace ça fond. Beaucoup de regards sont tournés vers la brèche. Nous avons le temps de réfléchir ici bas.
Plusieurs bords se sont dessinés, effacés.
Dans l’abysse un bruit sourd résonne jusqu’en haut.
Ils tremblent. Divisent. En vain.
Car le bruit ne fait pas de politique, il ne regarde pas les infos, il résonne, a peur, réagit.
L’horizon n’est plus si plat.

Performance et texte d’Hugo Boursier.