De l’Économie Poëtique à la Significatogénèse

Vidéo-performance

Nombre de performers :

2

Nom des performers :

Benjamin Efrati, Noel Sarlaw

Nom du collectif :

Miracle

Beaux-Arts de Paris – Salle de Conférence – Monnaie de Paris

Contexte de l’évènement:

Exposition virtuelle "Art et Argent : Liaisons Dangereuses" – Monnaie de Paris

Date de l’évènement:

Autres informations:

efrati.benjamin@gmail.com

Courte présentation :

De l’Économie poétique à la Significatogenèse s’inscrit dans le prolongement de mes travaux sur les normes esthétiques et la créativité, comme dans Pour en finir avec le jugement de goût, 2010, et sur la production de sens et ses enjeux politiques, comme dans Merjom Climacus, 2008.

Le projet articule deux axes théoriques complémentaires. Le premier est la « significatogenèse », concept élaborée avec le poète et auteur Mario Amehou en 2006. La significatogenèse décrit la capacité de l’esprit humain à générer de la signification dans des contextes où elle n’est pas donnée a priori, et notamment dans le cas de la production ou de la réception d’une œuvre d’art. En cela, elle est liée à la rationalisation, concept psychanalytique, et à l’apophénie, concept psychiatrique, concepts que la significatogenèse réévalue. Elle constitue une méthodologie créative radicale permettant de confronter les institutions artistiques comme  le public à la contradiction qui fonde leurs mécanismes de légitimation.

Le second axe est le « libre agencement de contenus informationnels », proposition théorique que j’ai élaborée au cours de mes recherches de Master en philosophie des sciences, visant à définir le degré zéro de la signification : comment une organisation minimale d’éléments peut être reconnue comme porteuse de sens, et comment ce mécanisme est mis en jeu dans la vie humaine au quotidien (sommeil paradoxal, imagination).

L’économie poëtique, notion formulée par Robert Filliou, offre en parallèle une ressource critique face à la récupération des avant-gardes par le marché de l’art. Là où la récupération des avant-gardes par le marché de l’art et la récupération capitaliste des luttes sociales renforcent les valeurs bourgeoises qu’elles prétendent dépasser, De l’Économie poétique à la Significatogenèse cherche à réintroduire un champ d’expérimentation, à la fois conceptuel et performatif, où la valeur des œuvres est interrogée par leur réception et leur circulation symbolique plutôt que par leur valeur économique et leur popularité, dimensions fortement instrumentalisées par des processus affiliés en dernier ressort à la spéculation financière.

Les termes du débat sont explicitement liés à l’histoire de la philosophie politique, et la proposition se focalise sur la déconstruction de l’idée communément admise selon laquelle la valeur économique est un indicateur fiable de la valeur esthétique, et vice-versa.

Dispositif :

De l’Économie poétique à la Significatogenèse est une vidéo-performance conçue en collaboration avec le Collectif Miracle et exposée à la Monnaie de Paris dans le cadre de l’exposition virtuelle Art et argent : liaisons dangereuses.

Une vidéo-performance (terme inventé pour l’occasion) se définit comme une performance réalisée en public, et filmée selon un principe de réalisation prédéfini, dans l’objectif de produire une vidéo faisant œuvre. Ce qui distingue une vidéo-performance d’une performance filmée est l’utilisation du médium vidéo dans la performance, ouvrant la voie à une série de manipulation artistiques (post-production) qui distinguent l’objet fini de la performance telle que le public en fait l’expérience en direct.  

J’ai assuré la création vidéo de cette pièce, écrite avec la collaboration de l’économiste Noel Sarlaw. Le texte reflète un ensemble de réflexions effectuées en amont, et notamment des échanges  avec Frédéric Lordon, philosophe et économiste, dont les travaux sur Marx et Spinoza résonnaient fortement avec mes propres hypothèses de travail et avec les protocoles artistiques associés.

La pièce se présente comme une conférence-performance dans laquelle la lecture linéaire d’un texte théorique est mise en défaut par les interférences audio-visuelles du support de présentation. Ce dernier, qui devient œuvre d’art vivante, constitue un dispositif mi-hypnotique, mi-disruptif. Il entraîne le public dans un état proche de l’hallucination, et amène chaque spectateur à se poser des questions qui lui sont propres.

D’un point de vue théorique, la pièce s’intéresse aux processus par lesquels la signification se constitue, tant du côté de la création que de la réception des œuvres, et comment il est possible de faire sens de la notion de valeur artistique sans faire appel à des cadres valorisants (institutions, marché, histoire, critique). Parallèlement, elle interroge et déconstruit les logiques économiques de l’art contemporain, souvent considérées comme inhérentes à toute pratique créative, pour montrer qu’elles sont en réalité construites et qu’elles pèsent sur la compréhension commune de ce qu’est le processus créatif, et ce depuis la récupération surréaliste des parti-pris dadaïstes.

Elle met en scène le décalage entre la capacité du public à produire du sens et les mécanismes de spéculation symbolique qui transforment cette production en valeur marchande.

Par contraste avec ma performance antérieure Pour en finir avec le jugement de goût, centrée sur la critique et le renouvellement des catégories esthétiques classiques, cette pièce confronte directement la significatogenèse au marché de l’art et à ses dispositifs de légitimation.

Autres informations :

médiums :

  • Discours
  • Poésie
  • Protocole
  • Vidéo
  • Voix

type d’archive :

  • Vidéo

verbes :

  • Déconstruire
  • Rêver

lieux :

  • Paris

objets :

  • Caméra

atmosphères :

  • Art contextuel
  • Critique institutionnelle
  • Jeu