Pour en finir avec le jugement de goût

Benjamin Efrati

Conférence performée

Nombre de performers :

1

Beaux-Arts de Paris – Galerie Gauche

Contexte de l’évènement:

Atelier Claude Closky

Date de l’évènement:

@benjaminefrati

Courte présentation :

Pour en Finir avec le Jugement de Goût est une des premières performances longues que j’ai réalisées aux Beaux-Arts. Cette pièce a demandé un long travail préparatoire, non seulement de réflexion et d’écriture mais aussi plastique.

Dans le cadre des activités de l’atelier Claude Closky, j’ai développé une typologie artistique sous forme de micro-performances entre 2009 et 2010. Cette pièce représente une synthèse de plusieurs actions et gestes que j’ai présentés dans ce cadre. Elle illustre en outre mon intérêt pour la méandre comme forme abstraite, pour les œufs comme matière première, et pour la dimension outrancière vis-à-vis du public.

La performance suit un déroulé simple : au sol sont disposés 140 œufs préparés contenant différents types de matériaux (sable, farine, clous, etc.). Équipé d’un club de golf, d’un sac à dos Hello Kitty, je lis un texte théorique. L’objectif est de déconstruire les outils conceptuels qui sous-tendent le processus d’évaluation et de valorisation des œuvres d’art. Il s’agit notamment de faire tomber le mur qui sépare, encore aujourd’hui, les beaux-arts des arts dits « populaires ».

L’hypothèse de travail elle aussi est simple : l’histoire du design peut se lire comme le négatif de l’histoire de l’art, comme le montre la manière dont le champ de la publicité s’est approprié les méthodes des avant-gardes. Or, on observe clairement au XXIe siècle une inversion du processus : les beaux-arts s’inspirent de la culture populaire, qu’ils réinvestissent avec les outils de la spéculation financière.

L’idée maîtresse de ces travaux combinant théorie et pratique est un concept qui vient s’intercaler entre les deux catégories de l’esthétique kantienne, à savoir le beau et le sublime. Ce concept, c’est une proposition d’adaptation en français du kawaii japonais, à savoir le « chou ». A travers le chou,  j’effectue un double retournement :

  • je remets en question la dichotomie réductrice de la typologie kantienne, en dénonçant sa dimension misogyne mais aussi sa propension à valoriser la domination à travers les notions voisines (le « génie », la « nature », etc..)
  • le chou en tant que concept préconise une interprétation fonctionnaliste des œuvres d’art, ce qui signifie qu’il ne s’agit pas simplement d’une modalité stylistique. Que la forme soit graphique, sonore, performancielle ou purement conceptuelle, c’est le jeu des proportions internes, le contraste entre les composantes d’un œuvre qui est chou

Si les avant-gardes ont bien libéré quelque chose dans toutes les couches de la société, comme le montre l’influence du surréalisme dans la diffusion mondiale de la psychanalyse, les classes dominantes ont su capter ce capital symbolique pour créer de la rareté et faire des esthétiques populaires émergeant au XXe siècle des objets de spéculation financière et, in fine, des marqueurs de classe.

Il s’agit donc en prolongement du processus qui a vu l’appropriation des codes culturels populaires par les classes dominantes pour en faire des marques de domination.

Les pistes explorées dans cette performance exploratoire se verront précisées dans performance-vidéo intitulée De l’économie poëtique à la significatogenèse, tournée en public en 2012 dans la salle de conférence des Beaux-Arts de Paris avec la complicité de Martine Markovits et exposée dans le cadre de Art et Argent : les liaisons dangereuses à la Monnaie de Paris.

Dispositif :

  • 1 club de golf
  • 1 sac à dos Hello Kitty
  • 140 œufs préparés
  • 1 texte imprimé sur papier

médiums :

  • Discours
  • Espace Public
  • Improvisation
  • Lecture
  • Littérature
  • Parole
  • Protocole

type d’archive :

  • Vidéo

verbes :

  • Déconstruire
  • Dire

lieux :

  • Beaux-Arts de Paris
  • Paris

objets :

  • Prothèse

atmosphères :

  • Jeu